Par Jarrod Stackelroth – 14 février 2020 | Adventist Record
L’adventisme du septième jour court un grand danger. Cette menace qui existe depuis longtemps et qui se propage dans de nombreux cercles fait de nous ce que nous répugnons le plus, l’anti-Christ.
Les conditions sont réunies pour développer ce terrible virus dans notre corps adventiste. Laissez-moi vous expliquer.
Lorsque j’étais enfant, rien d’autre ne me faisait plus plaisir plus qu’une bonne étude ou un séminaire portant sur les prophéties bibliques (les bêtes, l’histoire et la façon dont tout cela s’emboîtait et prouvait que Dieu était maître de la situation). À mes yeux, c’était fort beau et intéressant. Je me souviens encore de notre pasteur prêchant une série sur le livre de Daniel quand j’avais encore huit ans. Cela a eu un impact sur moi ; et devrait continuer à en faire sur d’autres qui les entendent. Mais, il importe que ces séminaires soient présentés de manière équilibrée et intelligible.
De même que les anciens prédicateurs du réveil ont dépeint l’image d’un enfer terrifiant pour inciter leur auditoire à la repentance (une doctrine rejetée par les adventistes), beaucoup de personnes au sein de nos églises, utilisent les images des événements de la fin des temps, des temps de troubles, de persécution et de conspiration pour manipuler et pousser les gens à croire. Rappelez-vous des campagnes de propagande pour déshumaniser l’ennemi (pensez « il y a un rouge sous chaque lit »), ces prédicateurs développent une mentalité d’opposants de « nous contre eux ».
La religion basée sur la peur est un tombeau blanchi à la chaux, un sépulcre de contrôle, vide et mort à l’intérieur. Le royaume du Christ est fondé sur l’amour, la force la plus puissante au monde.
Dieu n’est ni coercitif ni contrôleur. Son choix de respecter la liberté de tous et d’utiliser l’amour comme outil de motivation trouve son égal et son contraire dans l’outil de la peur utilisé par le diable. Le contrôle est un moyen du diable.
Lorsque notre Église opère avec la peur comme principale motivation, elle fait le jeu de l’ennemi.
Le contrôle, est le moyen par lequel les Babyloniens ont opté pour amenuiser la volonté et la force de Daniel et ses amis. Leurs noms ont été changés, leurs vêtements et leur régime alimentaire, et même leurs libertés relationnelles et sexuelles leur ont été enlevées. Ils étaient traités et considérés comme des biens, des possessions de l’État impérial.
Nous sommes appelés également à nous garder d’exagérer ou d’être trop spéculatifs, sinon nous courons le risque de nous décrédibiliser lorsque nos « prédictions » ne se réalisent pas. Assurons-nous de ne pas diaboliser d’autres groupes dans nos efforts pour effrayer les gens et les faire entrer dans le royaume, des tactiques qui rappellent bien plus un État nationaliste se préparant à la guerre qu’un mouvement de personnes de fin-des-temps qui vivent le témoignage de Jésus (Luc 4:18,19) et essaient d’obéir aux commandements de Dieu. Certains prédicateurs détournent le message pour faire de nous des craintifs et des méfiants, même à l’égard de notre propre dénomination.
Il existe un nom pour ceux qui ont une obsession malsaine à essayer de s’initier aux mystères-occultes « cachés ». Ironiquement, si nous restons fixer trop longtemps dans le ventre de la bête, nous risquons de reproduire les attitudes et tactiques identiques à ce qui pourtant nous effraie tant. Promouvoir un message évangélique sous fond de peur est par nature anti-Christ.
Jean nous dit que l’amour parfait (Jésus) chasse la peur (1 Jean 4:18). L’amour est le contraire de la peur, et non de la haine, car la haine est souvent motivée par la peur.
Pour être clair, je ne dis pas que nos conceptions traditionnelles sont incorrectes ou non pertinentes. Elles sont tout aussi importantes que jamais.
Mais lorsque nous poursuivons avec crainte chaque nouveau problème en suggérant qu’il s’agit d’une conspiration ; lorsque nous mettons de côté notre esprit critique et que nous adoptons les choses que nous regardons sur Internet, simplement parce qu’elles confirment nos préjugés ou jouent sur nos peurs, alors nous sommes asservis et contrôlés par un récit qui ne vient pas de Dieu.
Notre alarmisme ne peut que nous conduire à une mauvaise théologie et à une pratique encore pire.
Il est de notre devoir de redécouvrir comment étudier la Parole de Dieu pour nous-mêmes, nous y trouverons une certaine cohérence dans nos messages et nos principes d’interprétation. Et, il est crucial que nous fassions de l’amour pour Dieu et notre prochain notre lumière directrice plutôt que la peur et la polarisation.
Si nous commençons par l’amour de Dieu et son caractère, comme déjà décrit si magnifiquement dans la théologie adventiste, alors notre message rempli d’espoir peut avoir un impact dans ce monde moderne en question.