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(Texte du 23 novembre 2005 de la Commission d’éthique de l’UFB)
INTRODUCTION
L’Église adventiste a hérité, à travers plusieurs de ses pionniers, d’une « tradition de simplicité » dans le vêtement. Ellen White et quelques autres venaient de l’Église méthodiste, dont les pratiques avaient été fortement influencées par John Wesley, son fondateur. En effet, John Wesley était opposé aux modes vestimentaires ostentatoires adoptées par les classes américaines aisées. Wesley incitait ses disciples à se vêtir de la manière la plus simple et à ne pas singer les gentlemen. L’Église méthodiste avait publié, en 1808, une déclaration officielle à ce sujet : « Le chrétien doit éviter de faire ce que nous savons ne pas être pour la gloire de Dieu, par exemple, mettre des ornements coûteux, notamment des ornements d’or ».
Cette tradition de simplicité, Wesley l’avait lui-même héritée du courant radical de la Réformation protestante. Les anabaptistes du 16e siècle, par exemple, affirmaient leur opposition aux bijoux, aux rubans dans les cheveux et à d’autres accessoires.
Pour les méthodistes, la simplicité dans les vêtements et les coiffures, et l’absence de parures étaient devenues des moyens d’identification. Ressentant ce même besoin d’identité, les fondateurs de notre Église reprirent dans la Review and Herald les sermons de John Wesley sur le sujet. Les adventistes se reconnaissaient dans les conceptions méthodistes parce qu’ils partageaient les mêmes soucis et qu’ils venaient, eux aussi, en grande majorité, de la classe socio-économique la plus humble. Tout comme les méthodistes, les premiers adventistes sondèrent l’Écriture afin d’y trouver quelle était la volonté de Dieu quant à eux-mêmes et à leur style de vie.
En avril 1866, l’Église adventiste du septième jour de Battle Creek adopta une série de résolutions concernant le vêtement. Le 3e point était libellé ainsi : « Nous croyons que le port de bijoux, qu’ils soient d’or, d’argent, de corail, de perles ou de caoutchouc, ainsi que celui de fantaisies coûteuses placées dans la chevelure, est non seulement inutile, mais encore strictement défendu par l’enseignement sans équivoque des Écritures. » Et le point 4 disait : « Les volants, les crinolines et une profusion de rubans, de cordons, de galons, de broderies, de boutons dans la toilette féminine témoignent, à notre avis, d’une vanité condamnée par la Bible (voir Esaïe 3) et ne devraient pas, en conséquence, être approuvés par les femmes qui font profession de servir Dieu ».
Quelques semaines plus tard, le comité de la Conférence générale adopta ces résolutions avec quelques petites corrections et additions, et les recommanda à l’Église en les faisant publier dans la Review and Herald.
La position officielle de l’Église adventiste
Toute personne désireuse de devenir adventiste reçoit, avant son baptême, une instruction biblique portant sur les points fondamentaux de la foi chrétienne et sur les principes prônés par sa future Église. Ces principes concernent notamment la santé, les loisirs, le vêtement et les parures. L’habillement et les bijoux ne sont pas mentionnés dans l’engagement baptismal ; il y est seulement dit que le baptisé accepte d’harmoniser sa vie avec les principes bibliques de base tels qu’ils sont enseignés par l’Église adventiste du septième jour.
Cet enseignement est résumé dans le Manuel d’Église au 13e chapitre, consacré aux « normes de la vie chrétienne » :
« Le vêtement est un facteur important dans la formation du caractère chrétien. Très tôt au cours de notre histoire, des instructions nous ont été données sur la manière de nous vêtir en tant que chrétiens. Ces instructions ont pour but « de préserver le peuple de Dieu des influences corruptrices du monde et de favoriser la santé physique et morale ». (E. White, Testimonies for the Church. vol. 4, p. 634.)
« S’habiller simplement, s’abstenir de tout étalage de bijoux et d’ornements de toute sorte est en accord avec notre foi. » (E. White, Témoignages, vol. 1, p. 403.) […]Le port de bijoux attire l’attention d’une manière incompatible avec l’oubli de soi-même qui caractérise le chrétien. […] Il faut aussi éviter tout maquillage contraire au bon goût et à la modestie chrétienne. La propreté et un comportement semblable à celui du Christ devraient caractériser les soins et la toilette de la personne qui cherche en tout temps à plaire au Seigneur et à le représenter justement. » (Manuel d’Église, Dammarie-lès-Lys, 2002, p. 178, 179.)
La problématique actuelle
D’une manière générale, la position officielle de l’Église a été longtemps respectée, à défaut d’être toujours acceptée de bon cœur !
Depuis quelques décennies, les choses ont peu à peu changé. Le niveau général de vie a augmenté. Les bijoux et parures se sont démocratisés. La signification des modes vestimentaires a évolué. En conséquence, alors que certains membres d’Église restent fortement attachés à une interdiction totale de bijoux, d’autres estiment respecter le principe de simplicité en portant quelques bijoux discrets. Cette différence d’appréciation et de pratique déclenche parfois de vives réactions. Les uns et les autres se retranchent derrière des textes bibliques – qu’ils n’interprètent pas tous de la même façon – ou derrière des déclarations d’Ellen White, et parfois ils invoquent les us et coutumes de leur environnement culturel.
Cette étude aborde donc un sujet délicat, à cause des différences culturelles sur un plan collectif, et des sensibilités individuelles sur un plan personnel. Notre propos est de tenter de clarifier les choses, afin que chacun puisse avoir une juste compréhension des textes bibliques et des principes de notre Église, et agisse alors en bonne conscience, sachant ce qu’il fait, pourquoi il le fait et en étant heureux de le faire !
L’ENSEIGNEMENT DE LA BIBLE
I. Questions de méthode
Comme nous venons de le rappeler, l’Église adventiste est l’une des héritières d’une tradition remontant au courant radical de la Réforme, celui des anabaptistes, concernant l’abstention de bijoux. Les prédications, les articles et les exposés qu’elle a produits sur ce sujet sont en général des tentatives de justification de cette tradition. Ce genre de démarche induit une méthodologie qui comporte deux grands risques :
a) Celui de sélectionner, dans l’information disponible, uniquement ce qui va dans le sens de l’idée à défendre. Or, la première règle d’honnêteté consiste à examiner l’ensemble des données susceptibles d’entrer dans le champ de la recherche.
b) Celui de se contenter de la lettre d’un texte sans chercher à comprendre ses intentions, et de vouloir faire appliquer cette lettre indépendamment des circonstances particulières. Or, aucun texte biblique n’a été rédigé indépendamment de circonstances précises. Il est donc indispensable d’étudier le contexte littéraire et historique de chaque texte à verser au dossier, avant d’en dégager des principes pouvant servir à appliquer le texte dans des circonstances autres.
Nous souhaitons présenter ici une étude méthodique sur ce sujet afin de permettre à chacun de mieux comprendre les Écritures. Le cadre de ce document ne permettant pas l’analyse de tous les textes bibliques portant sur ce sujet, nous examinerons les principales déclarations de l’Écriture, qui sont en même temps celles qui sont le plus souvent citées.
II. Les textes plutôt favorables aux parures, bijoux et parfums
A – Les textes de l’Ancien Testament
En lisant l’Ancien Testament, nous constatons que les parures et les bijoux n’étaient pas exclus de la vie quotidienne des Israélites, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes, des gens simples ou des prêtres, des rois ou d’autres chefs. À l’époque, comme dans les temps modernes, on était sensible à la beauté !
Dans Pr 1.8,9, Salomon dit à son fils, en parlant des instructions de ses parents : Ce sera pour ta tête une couronne gracieuse, des colliers autour de ton cou. C’est donc qu’il n’était pas exceptionnel pour un jeune prince de porter des bijoux, et ce n’était pas le privilège des seuls nobles.
Il était aussi fréquent que les hommes, comme les femmes, se parfument, ainsi que le montre le psaume 133 qui parle de l’huile qui parfume la tête, et descend sur la barbe d’Aaron (v. 1,2 ; cf. 2 S 12.20 ; Mt 6.17).
Quand on était dans le deuil, en Israël, on le montrait, entre autres, par l’abstinence de parfum et par les cheveux défaits ou rasés (pour les hommes) : Ainsi Daniel dit qu’il ne se parfuma pas quand il fut trois semaines dans le deuil (Dn 10.2,3 ; voir aussi 2 S 14.2).
La poésie biblique célèbre la beauté :
– Celle des hommes : Le cœur vibrant de belles paroles, je dis mes poèmes en l’honneur d’un roi.[…] Tu es le plus beau des hommes, la grâce coule de tes lèvres ; aussi Dieu t’a béni à tout jamais. […] O Dieu, ton trône est éternel, ton sceptre royal est un sceptre de droiture. Tu aimes la justice, tu détestes le mal, aussi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons. Tes vêtements ne sont que myrrhe, aloès et cannelle. Sortant des palais d’ivoire, des mélodies te réjouissent. Des filles de rois sont là avec tes bijoux, et debout à ta droite, la dame avec de l’or d’Ophir. (Ps 45.1-10)
– Celle des femmes : Majestueuse, la fille de roi est à l’intérieur en robe brochée d’or. Parée de mille couleurs, elle est menée vers le roi ; les demoiselles de sa suite, ses compagnes, sont introduites auprès de toi. En un joyeux cortège, elles entrent dans le palais royal. (Ps 45.14-16) On pourrait ajouter le chant d’amour de Salomon pour sa fiancée qu’on peut lire dans le Cantique des cantiques (4.1-11), où il s’extasie entre autres sur sa beauté, sur ses colliers et sur ses parfums !
Regardons de plus près quelques textes particuliers.
1. Genèse 13.2 ; 24.22,35,53.
Abraham était très riche en troupeaux, en argent et en or. Quand son serviteur Eliézer eut l’accord de Rébecca et de sa famille pour devenir l’épouse d’Isaac, le fils de son maître, il lui donna un anneau d’or pesant un demi-sicle [environ 6 g] pour le nez, et deux bracelets d’or pesant dix sicles [environ 115 g], pour ses poignets. Pour Abraham, il est naturel d’offrir des bijoux à sa future belle-fille.
2. Genèse 41.42, Daniel 5.7,16,29 et Esther 3.10,12 et 8.2,8,10,15
Genèse 41.42 dit : Le pharaon retira de sa main l’anneau qu’il passa à la main de Joseph, il le revêtit d’habits de fin lin et lui mit au cou le collier d’or. Le contexte littéraire montre sans hésitation qu’il s’agit de signes indiquant l’honneur et l’autorité que le roi confère à Joseph, qu’il vient d’établir à la tête de son royaume. Le contexte historique permet d’affirmer que ces objets étaient vraiment des objets de luxe, qu’ils avaient une fonction pratique : l’anneau devait comporter un sceau permettant de signer des documents faisant autorité ; le collier avait, lui aussi, une fonction symbolique d’autorité et peut-être même une signification religieuse.
À d’autres époques mais en des circonstances similaires, Daniel et Mardochée reçurent des insignes semblables.
3. Exode 3.22 ; 11.2,3 ; 12.35,36
Le texte dit que les Israélites ont dépouillé les Égyptiens, avec leur consentement et sous l’influence de Dieu. Ils ont emporté notamment des objets d’argent et d’or.
Le contexte littéraire fait de cet acte un effet de la bonté de Dieu pour son peuple qu’il libère et qui reçoit la faveur des Égyptiens.
Le contexte historique rappelle que les Israélites avaient été esclaves et durement exploités par leurs maîtres. Pour confectionner le veau d’or, Aaron dit au peuple : Ôtez les anneaux d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les moi. (Ex 32.2) C’est donc que les descendants de Jacob, hommes et femmes, portaient des bijoux, ce qu’il ne leur fut jamais reproché, ni par Moïse, ni par le Seigneur. Peut-être même auraient-ils mieux fait de continuer à porter leurs boucles d’oreilles que d’en faire le veau d’or !
4. Exode 28 : à propos des prêtres
Ce chapitre décrit en détail les vêtements particuliers du grand prêtre d’Israël : son pectoral était serti des pierres précieuses qui représentaient les douze tribus d’Israël, il était fixé à l’éphod avec des chaînettes et des anneaux d’or. L’éphod lui-même était tissé avec des fils d’or. Les clochettes qui étaient fixées au bas de la robe de ce grand prêtre étaient également en or. Même si les prêtres avaient des vêtements plus sobres, le Seigneur ne se désintéressait pas de leur apparence : Ils ne se raseront pas la tête ; ils ne laisseront pas leur chevelure libre, mais ils la tailleront soigneusement (Ezéchiel 44.20).
5. Juges 8.24-26
Le texte dit : Les vaincus avaient des anneaux d’or, puisque c’étaient des Ismaélites.[…] Ils jetèrent chacun un anneau de son butin, pour un poids total de 1 700 sicles d’or, sans compter les croissants, les pendants d’oreilles[…] les colliers qui étaient au cou de leurs chameaux.
Le contexte littéraire nous apprend que, guidé par Dieu, Gédéon a délivré Israël de l’oppression des Madianites. Gédéon refuse la proposition du peuple qui veut le faire roi. Il demande une part du butin qui a été pris à l’ennemi. Avec cet or, il va fabriquer un éphod (il est difficile de savoir exactement ce que c’était), lequel deviendra une occasion d’infidélité religieuse pour la famille de Gédéon et pour une bonne partie du peuple.
Le contexte historique nous permet de savoir que les Madianites étaient des nomades venant du Nord de la péninsule arabique. Dans certaines parties de cette péninsule, on extrayait de l’or. On en fabriquait toutes sortes d’objets, y compris des bijoux. La forme typique de certains de ces bijoux était déjà le croissant, qui reste encore aujourd’hui l’un des symboles du monde arabe.
Chacun des combattants israélites fut invité à donner un anneau, et a pu garder pour lui les autres dont il s’était emparé.
6. 2 Samuel 1.10 : à propos des rois d’Israël
Le premier roi d’Israël, Saül, portait un diadème sur la tête et un bracelet au poignet. Le roi David s’est emparé de la couronne du roi des Ammonites qu’il a vaincus. Dans
2 S 12.30, il est dit : Il enleva la couronne de leur roi de dessus sa tête ; son poids était d’un talent d’or, avec des pierres précieuses ; elle fut placée sur la tête de David. (Cf. 2 Ch 20.2)
Le contexte historique laisse penser que cette couronne était assez exceptionnelle parmi les petits peuples de l’époque et du voisinage d’Israël. C’est la raison pour laquelle son poids est signalé ainsi que le fait qu’elle était sertie de pierres précieuses. David, chantant les bienfaits de Dieu en faveur du roi qu’il est, écrivit : Tu poses sur sa tête une couronne d’or (Ps 21.9).
Son fils, le roi Salomon, a accepté les présents apportés par la reine de Saba (1 R 10.2). Il a accumulé quantité d’autres richesses, qui sont attribuées à la bénédiction divine (1 R 3.13).
Les autres rois d’Israël et de Juda ont aussi porté des diadèmes (cf. 2 R 11.2, 2 Ch 23.11).
7. Ezéchiel 16.11-13 (cf. Osée 2.15) ; 23.42
Le premier texte dit : Je t’ai parée de bijoux, j’ai mis des bracelets à tes poignets et un collier à ton cou, un anneau à ton nez, des boucles à tes oreilles, et un diadème splendide sur ta tête. Tes bijoux étaient d’or et d’argent […] tu es devenue extrêmement belle. Tu es parvenue à la royauté.
Le contexte littéraire est une parabole qui rappelle l’histoire du peuple choisi. Dieu y est comparé à un riche roi qui a recueilli une petite fille abandonnée et qui en a fait sa femme, donc la reine de son royaume. Mais cette femme, ingrate, s’est séparée de son mari/roi/sauveur et s’est prostituée à d’autres hommes. Elle s’est même prostituée avec les bijoux qu’elle avait reçus en cadeau (v.17). En conséquence, elle va être dépouillée de ses bijoux et mise à nue (v.39) pour que son apparence corresponde à sa situation réelle : elle n’est plus ni épouse, ni reine.
Le contexte historique montre que l’homme, qui voulait épouser une femme, lui offrait ce qu’il avait de plus beau, y compris des bijoux, pour lui signifier son amour et son engagement à prendre soin d’elle. Les rois faisaient des cadeaux encore plus beaux, car les femmes qu’ils épousaient devenaient des reines.
D’autres passages, comme Pr 11.22, 14.24 et 25.11,12, montrent que les bijoux et les fards n’étaient pas systématiquement considérés, dans l’Ancien Testament, comme des signes d’immoralité ou d’impiété.
Le deuxième texte dit : Ils mettaient des bracelets aux mains des femmes, et une couronne splendide sur leurs têtes.
Le contexte littéraire montre qu’il s’agit du même genre de parabole que dans le texte précédent. Nous sommes dans la phase qui décrit l’infidélité des deux femmes qui représentent Israël et Juda. Ce sont leurs amants qui leur offrent ces bijoux.
Le contexte historique nous rappelle que les prostituées ont toujours reçu des cadeaux en échange de leurs services. C’est la prostitution et son salaire qui sont ici dénoncés.
8. Job 42.11,14
Le texte dit : Chacun lui fit cadeau d’une pièce d’argent et d’un anneau d’or. […] Il nomma […] la troisième corne à fard.
Le contexte littéraire nous rappelle que ce sont les frères, les soeurs et les amis de Job qui lui font ces cadeaux une fois que le Seigneur l’a rétabli dans sa santé et dans sa prospérité. Il a de nouveaux enfants. Le nom de ses trois filles est mentionné, et c’est lui qui les leur donne.
Le contexte historique est difficile à établir. L’argent sert de support à la monnaie, et l’or est utilisé pour la fabrication de bijoux de toutes sortes. Les cornes d’ovins, de caprins ou de bovins servaient de récipients pour des pommades et des liquides parfumés. Les femmes, lorsqu’elles se faisaient belles dans des circonstances particulières, se fardaient les contours des yeux et les paupières.
Job reçoit ces cadeaux comme dignes d’un homme qui a acquis une nouvelle relation, plus profonde, avec son Dieu. D’ailleurs, ce Dieu lui a accordé deux fois plus de richesses que précédemment (v. 10).
b) Les textes du Nouveau Testament
1. Luc 15.22
Le texte dit : Mettez-lui un anneau au doigt.
Le contexte littéraire est la parabole dite du fils prodigue. C’est le père qui donne cet
ordre au moment où il accueille son fils de retour.
Le contexte historique nous montre que les hommes comme les femmes des familles riches portaient des anneaux à la fois décoratifs et signes d’autorité.
Le père de l’histoire représente Dieu. L’anneau en question représente l’appartenance à la famille. Le message de Jésus est que le Père céleste accueille l’homme repentant avec empressement et lui donne tous les signes de sa totale acceptation comme membre de sa famille, avec toute la richesse que cela implique.
2. Apocalypse 21.2
Enfin, dans l’Apocalypse, la nouvelle Jérusalem est comparée à une épouse qui s’est parée pour son époux (Ap 21.1,2 ; cf. 12.1 ; 21.9-11).
III. Les textes plutôt défavorables aux parures, bijoux et parfums
a) Les textes de l’Ancien Testament
1. Genèse 35.1-4
Le texte dit : Ils livrèrent à Jacob les dieux de l’étranger qu’ils avaient en main et les anneaux qu’ils portaient aux oreilles : Jacob les enfouit sous le térébinthe près de Sichem.
Le contexte littéraire nous apprend que Siméon et Lévi viennent de massacrer les hommes de Sichem et de piller la ville (34.28,29). Ils ont pris les femmes, les enfants, les troupeaux et les richesses pour venger leur soeur Dina qui avait été violée par le fils du roi de cette ville. Jacob prend peur. Dieu lui dit de partir pour Béthel et d’y élever un autel. Obéissant à cet ordre divin, Jacob prépare les siens à partir pour ce pèlerinage religieux. Il demande à tous les membres de sa famille de se débarrasser de tous les dieux étrangers qui sont au milieu d’eux, de se purifier et de changer de vêtements. Le verset 4 indique l’application de cet ordre de Jacob par les membres de son clan.
Le contexte historique nous apprend que les peuples mésopotamiens et cananéens de l’époque fabriquaient des statuettes pour représenter les divinités qu’ils adoraient. Nous ne savons pas exactement comment étaient les anneaux que ces gens portaient aux oreilles, ni dans quels matériaux ils étaient faits, ni s’ils avaient une relation particulière avec les cultes liés à ces statuettes. Étant donné qu’aucun autre type de bijoux n’est mentionné (colliers, bracelets, bagues, anneaux portés au nez), et que la préoccupation de Jacob est essentiellement d’ordre religieux, on peut penser que le patriarche a demandé aux siens de se dépouiller des anneaux qu’ils avaient aux oreilles non pas parce que c’étaient des bijoux, éléments de parures, mais parce qu’ils avaient un lien avec un culte concurrent de celui de Dieu.
2. Exode 33.3-6
Le texte dit (NBS) : Le Seigneur dit à Moïse :[…] Je ne monterai pas au milieu de toi, de peur de t’exterminer en chemin, car tu es un peuple rétif. Lorsque le peuple eut entendu cette parole funeste, il prit le deuil ; personne ne mit ses ornements. Le Seigneur dit à Moïse : Dis aux Israélites : […] Débarrasse-toi maintenant de tes ornements, et je verrai ce que je vais faire. Ainsi les Israélites se dépouillèrent de leurs ornements à partir du mont Horeb.
Le contexte littéraire nous apprend que Dieu adressa ces paroles à Moïse aussitôt après le triste épisode du veau d’or et du règlement de compte qui s’ensuivit. Sur l’ordre de Moïse, trois mille hommes idolâtres venaient d’être tués par les Lévites. Ce devait donc être un jour de deuil pour un grand nombre d’enfants d’Israël. Ensuite, Moïse intercède pour le pardon du peuple, et, en réponse, Dieu lui dit de continuer de conduire Israël, mais il annonce aussi un jugement: un messager divin l’accompagnera, mais Dieu ne sera pas présent directement. Ainsi le peuple ne sera pas exterminé à cause de ses constantes révoltes. À cette annonce, le peuple (tout entier) prend le deuil, un deuil encore plus grand. Dans sa repentance et son humiliation, il ôte ses ornements, ce qui exprime précisément sa tristesse et son changement d’état d’esprit.
Le verset 6 implique que les Israélites continuèrent au moins pendant un certain temps, sinon jusqu’en Canaan, à renoncer à leurs parures, et ceci pour exprimer la sincérité de leur repentance et de leur désir d’obéir à Dieu. Il semble bien que Dieu confirma par un ordre ce que le peuple venait de faire spontanément : se dépouiller de ses bijoux, dont une partie avait d’ailleurs servi à la fabrication du veau d’or.
Les Orientaux étaient de grands amateurs de parures de toutes sortes, aussi bien les hommes que les femmes. Les Hébreux n’ont pas fait exception. À l’époque, on portait des bijoux en tout temps. Mais les jours de fêtes, comme ceux des noces, on se parait avec plus de richesse et de profusion. C’est ce qui ressort de textes comme Ps 110.3, Es 52.1, 61.10, Jr 2.32 et Ap 21.2.
Par contre, les jours de deuil ou de profonde humiliation, il était d’usage de se revêtir de la façon la plus ordinaire qui soit, allant même jusqu’à se couvrir d’une sorte de toile de jute (un sac, cf. 1 R 21.27, Es 58.5, Jon 3.5,6), et de ne pas s’arranger le visage ni se parfumer (Dn 10.3 ; Mt 6.18), ce qui implique naturellement l’absence de toute parure.
3. Nombres 31.50
Le texte dit : Nous apportons en présent au Seigneur, pour faire le rite d’absolution [autres versions : l’expiation] sur nos personnes devant le Seigneur, les objets d’or, bracelets, anneaux, bagues, boucles d’oreilles et pendentifs que chacun a trouvés.
Le contexte littéraire présente cette partie du butin pris aux Madianites comme une offrande volontaire de la part des chefs de guerre, après avoir constaté qu’aucun Israélite n’avait été tué dans cette guerre. Il explique que Moïse a accepté cette offrande, qu’il l’a déposée dans la tente de la rencontre pour servir de mémorial. Cette guerre a été ordonnée par Dieu contre les Madianites parce qu’à cause d’eux, et en particulier de leurs femmes, sous l’influence de Balaam, les Israélites s’étaient compromis avec des cultes idolâtres et des pratiques immorales. L’ensemble du butin a dû être purifié parce que les combattants avaient épargné des femmes et des enfants ; seules les filles encore vierges ont été gardées, tous les autres humains ont été tués. Les animaux ont été partagés. Tous les objets rapportés ont dû être lavés, à l’exception des métaux qui ont dû être passés au feu (31.22,23). Le texte reste imprécis : on ne sait pas si tous les bijoux d’or qui ont été offerts et qui étaient des objets travaillés (3.51) ont été passés par le feu.
Le contexte historique permet d’affirmer sans hésitation que les Madianites avaient des bijoux, et que les Israélites ne les considéraient pas sans intérêt. Ils leur reconnaissaient une valeur marchande, ou d’échange, certainement aussi une valeur esthétique (le texte dit qu’ils étaient travaillés).
4. Josué 6.19, 24
Le texte dit : Tout l’argent, l’or, les objets de bronze et de fer furent consacrés au Seigneur et placés dans le trésor de la maison du Seigneur.
Le contexte littéraire concerne la prise de Jéricho. Toute cette ville est vouée à l’interdit. Aucun butin ne doit être pris. Seuls ces objets métalliques peuvent être conservés, mais pas au bénéfice des individus. Ils doivent être consacrés à Dieu.
Le contexte historique nous rappelle que les autres villes prises par les Israélites dans la conquête de Canaan ont donné lieu à une prise de butin dans laquelle les individus ont eu leur part. Des bijoux devaient faire partie de ce butin de métaux.
5. Esaïe 3.16-24
Le Seigneur dit : Puisque les filles de Sion sont orgueilleuses et qu’elles vont le cou tendu en lançant des oeillades, puisqu’elles vont à pas menu en faisant sonner les grelots de leurs pieds, le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion et il découvrira leur front. Ce jour-là, le Seigneur enlèvera les parures : grelots, soleils, lunes, pendentifs, bracelets, voilettes, turbans, gourmettes, cordelières, talismans, amulettes, bagues, boucles de nez, habits de fête, foulards, écharpes, sacs à main, miroirs, chemises de lin, bandeaux, mantilles. Au lieu de parfum, ce sera la pourriture, au lieu de ceinture, une corde, au lieu de savantes tresses, la tête rasée, au lieu de linge fin, un pagne en toile de sac, une marque infamante au lieu de beauté.
Le contexte littéraire indique qu’il s’agit d’une partie d’un oracle contre le peuple de Juda, en particulier contre ses chefs, les riches, et ici les femmes de la bourgeoisie. Au moins la moitié du vocabulaire utilisé pour décrire les différents éléments de ces toilettes féminines est inconnue en dehors de ce texte. La traduction en est donc très difficile. Il est cependant certain qu’il ne s’agit pas seulement d’une liste de bijoux, mais aussi de différentes pièces de vêtements et d’accessoires dont certains avaient une connotation religieuse et superstitieuse. L’intervention de Dieu va provoquer non pas une situation normale pour ces femmes, mais une humiliation.
Le contexte historique nous permet d’affirmer que ces femmes, une fois rasées, habillées d’un sac tenu par une corde, et non parfumées, vont ressembler à des femmes qui ont été répudiées par leur mari à cause de leur infidélité. Leur apparence correspondra alors à la réalité.
Dieu déplore la situation d’infidélité et d’orgueil de son peuple. Mais il ne souhaite pas pour autant que cette situation dure. Il voudrait au contraire que la fidélité soit la caractéristique de ses enfants. Et dans ce cas, l’apparence pourra être conforme à cette nouvelle réalité.
6. Proverbes 11.22
Le texte dit : Un anneau d’or au groin d’un porc, telle la femme belle mais dissolue.
Le contexte est celui d’une liste de courtes sentences sans liens les unes avec les autres. Le sens est assez simple : La femme belle est comparée à un anneau d’or. Jusque-là, il n’y a rien de condamnable. Mais si elle est dissolue, elle est comme le bijou fixé au groin d’un porc. Le message est que la vraie beauté est d’abord morale.
c) Les textes du Nouveau Testament
1. 1 Timothée 2.9,10
Quant aux femmes [traduction du NT interlinéaire : De même aussi les femmes…], qu’elles aient une tenue décente, qu’elles se parent avec pudeur et modestie : ni tresses, ni bijoux d’or ou perles ou toilettes somptueuses ; mais qu’elles se parent au contraire de bonnes oeuvres comme il convient à des femmes qui font profession de piété.
Le contexte littéraire montre que Paul s’adresse à Timothée qui est confronté dans l’Église d’Éphèse à des difficultés, en particulier à cause de fausses doctrines. Dans le paragraphe qui va du v.8 au v.15, il donne des conseils pour la conduite des hommes et des femmes qui sont source de colère et de dispute. Certains hommes ont créé des troubles dans l’Église en semant des idées hérétiques. Le v.8 les exhorte à se livrer à la prière plutôt qu’à la colère, et à ne pas entretenir un esprit de dispute. Les mains levées, dont il est question dans ce verset, ne désignent pas seulement un geste liturgique particulier (les mains levées étaient l’attitude habituelle de la prière en Israël), mais une attitude morale correcte vis-à-vis de l’ensemble des membres de l’Église.
Le verset 9 commence par l’expression de même, ce qui montre que les femmes dont il est question à partir de ce verset sont de la même catégorie que les hommes du verset précédent. Elles doivent également cesser de prendre part à ce qui crée des troubles dans l’Église. De même que les hommes sont invités à prier avec un coeur pur, les femmes sont exhortées à chercher à faire du bien aux autres plutôt que de consacrer du temps et des sommes considérables à leur parure.
Le contexte historique nous indique que seules les femmes très riches pouvaient s’habiller et se parer de la façon décrite dans ce texte. Des bustes de l’époque montrent de telles femmes : les cheveux sont tressés avec des rubans dorés auxquels sont accrochés des pendentifs en or qui sont si nombreux et si denses qu’on peut tout juste voir les yeux à travers cette profusion d’or qui recouvre toute la tête. Des philosophes païens écrivaient des invectives contre ces femmes vaniteuses qui passaient toute leur vie à se parer.
Certaines de ces femmes ont pu devenir chrétiennes. D’autres, une fois entrées dans l’Église, ont pu vouloir les imiter. Leur tenue (bijoux, coiffures, vêtements) montrait ostensiblement leur hégémonie dans une Église en butte à des dissensions. Au 1er siècle, des femmes riches servaient de mécènes à des philosophes. C’est sans doute ce qui s’est passé dans certaines Églises, où de telles femmes soutenaient de leurs moyens financiers des prédicateurs itinérants dont les enseignements étaient hérétiques. Elles répandaient dans l’Église les idées fausses apprises de ces faux docteurs, c’est pourquoi Paul leur demande aussi de rester calmes dans les réunions et de ne pas enseigner (v. 11,12).
« Autre point intéressant dans ce texte, au verset 12 : Je ne permets pas à la femme […] de prendre de l’autorité sur l’homme. Le grec n’utilise pas le mot habituel pour décrire un pouvoir ou une responsabilité, mais un terme qui véhicule à la fois une idée de séduction et une idée de meurtre. En effet, chez les Grecs et les Romains, les enseignantes avaient la réputation de séduire leurs étudiants. Ces femmes exerçaient un tel pouvoir qu’elles en arrivaient à détruire la personnalité de leurs auditeurs. » (Madelyne Jones-Haldeman, revue Spectrum, vol. 20, n° 2, 1990, p. 52.)
Les femmes dont parle l’apôtre Paul montraient donc leur pouvoir et leur autorité, et par la richesse qu’elles étalaient, et par la séduction qu’elles exerçaient.
L’ordre que Paul demande à Timothée d’appliquer dans l’Église est valable aujourd’hui dans son principe. Personne ne doit utiliser la prière pour diffuser des idées destructrices de la foi commune. Personne ne doit chercher à prendre le pouvoir sous prétexte de ses moyens financiers et des signes extérieurs qui les étalent. Tous doivent se parer, c’est-à-dire être attentifs à leur apparence, mais avec modestie et simplicité.
2. Jacques 2.2
Le texte dit : Un homme aux bagues d’or, magnifiquement vêtu…
Le contexte littéraire est centré sur la différence de traitement que l’on risque d’accorder dans l’Église lorsqu’on a affaire à un riche ou à un pauvre. Le riche est ici caractérisé par ses bagues en or et ses vêtements magnifiques.
Le contexte historique nous apprend que, dans l’Église chrétienne du 1er siècle, la majorité des membres appartenait aux classes pauvres de la société. Il y avait aussi un certain nombre d’esclaves. Et, bien sûr, il y avait aussi quelques riches.
Ce texte affirme que l’on ne doit pas avoir plus de considération pour les riches que pour les pauvres. Le Seigneur nous a appris à ne pas faire de distinction entre les classes sociales, parce que tous les êtres humains ont de la valeur à ses yeux. Les signes extérieurs de richesse, comme les bagues en or ou les beaux vêtements, ne confèrent aucune valeur supplémentaire à la personne qui les porte. La valeur d’une personne se trouve dans sa qualité d’être humain créé par Dieu et racheté par Jésus-Christ. C’est une grande valeur. Les bijoux n’y ajoutent rien et n’en enlèvent rien.
3. 1 Pierre 3.3,4
Le texte dit : Que votre parure ne soit pas extérieure : cheveux tressés, bijoux d’or, toilettes élégantes ; mais qu’elle soit la disposition cachée du coeur, parure incorruptible d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu.
Le contexte littéraire place ce conseil dans une série d’exhortations domestiques : chacun face aux autorités publiques (2.13-17), les esclaves face à leurs maîtres (2.18- 25), les femmes face à leurs maris (3.1-6), et les maris face à leurs femmes (3.7). Cette partie de l’exhortation aux femmes est encadrée par un conseil de soumission à leurs maris, pour lequel Sara est donnée en exemple. Et cette soumission est qualifiée de parure.
Le contexte historique nous fait connaître quantité d’autres exhortations domestiques, que l’on trouvait d’ailleurs également sous la plume de philosophes non chrétiens. Le but essentiel de ces textes est de faire respecter une certaine hiérarchie dans la société. La plus grande place était consacrée à expliquer à la personne inférieure (la femme ou l’esclave) comment elle devait se comporter face à la personne supérieure (le mari ou le maître). L’utilisation de telles séries d’exhortations par les auteurs chrétiens n’avait pas pour premier objectif d’expliquer en quoi devait consister la conduite chrétienne, mais surtout de montrer qu’on avait tort de critiquer le christianisme en disant qu’il faisait commettre des crimes relationnels qui menaçaient la société dans son organisation traditionnelle.
Les Romains accusaient en effet les chrétiens de ne pas respecter les relations qu’ils considéraient comme normales entre époux, et entre esclaves et maîtres. Pour les Romains, la religion chrétienne corrompait les « faibles vases » de la société, les femmes et les esclaves. Une telle calomnie équivalait à une accusation de trahison, parce que chaque maison était considérée comme un État en miniature, et que l’intégrité et le succès de l’Empire dépendaient du maintien des positions inférieur/supérieur dans chaque foyer, et des comportements correspondant à chaque rang social.
En ce qui concernait la religion, les femmes et les esclaves devaient adorer les dieux de leurs maris ou de leurs maîtres. Ne pas le faire était considéré comme un acte de sédition vis-à-vis du pouvoir impérial. D’autre part, le fait que les hommes et les femmes pouvaient participer ensemble aux mêmes services religieux était considéré comme immoral. Se livrer à un culte qualifié d’immoral était une grave offense.
L’usage apologétique des codes domestiques que fait l’apôtre Pierre était en quelque sorte une protection pour les chrétiens. L’auteur a le souci d’encourager un comportement qui mettra fin à la calomnie et réduira les risques de persécution.
Dans la société romaine, les hommes invectivaient les femmes qui portaient certaines couleurs et faisaient un usage immodéré d’or et de bijoux. Ces hommes croyaient que celles qui se comportaient ainsi étaient coupables de quelque crime dont en particulier celui de souiller le lit conjugal.
L’apôtre Pierre demande à ces femmes de ne pas s’habiller et se parer de manière à laisser croire à leurs maris qu’elles ont l’intention de leur être infidèles sur le plan conjugal. En s’habillant avec simplicité et en évitant les parures quand elles se rendent dans les assemblées chrétiennes, elles montreront à la société qu’elles sont des femmes respectueuses de leur engagement matrimonial, qu’elles ne font pas étalage de richesse si elles en ont, et qu’elles cultivent avant tout dans leur vie la beauté intérieure d’un caractère qui reflète celui du Christ.
Pourtant, la leçon de simplicité que bien des chrétiens ont retenue de ce passage n’en demeure pas moins, ainsi que l’écrit Charles Scriven :
«Qu’est-ce que tous ces versets veulent nous dire ? Indubitablement, que la simplicité dans le style de vie est l’une des exigences divines. Elle doit caractériser notre attitude à l’égard de l’argent, des biens, des parures. La simplicité est le moyen de maîtriser la cupidité, de vaincre l’extravagance, de vivre sans démonstration d’orgueil, afin de ne pas augmenter la souffrance des pauvres qui n’ont pas les moyens de se procurer les biens dont nous jouissons. Être simple, c’est se concentrer sur sa vie intérieure, non sur les apparences, c’est se préoccuper, non de soi-même, mais de son prochain. » (Revue Spectrum, vol. 20, n° 2, 1990, p. 58.)
Le texte de Pierre signale donc qu’il y a des choses bien plus importantes que les parures.
4. Apocalypse 17.4
Le texte dit : La femme vêtue de pourpre et d’écarlate étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles.
Le contexte littéraire est la description de la femme prostituée qui représente Babylone, le christianisme infidèle.
Le contexte historique nous apprend que les prostituées avaient un habillement et une parure très attirants. L’objectif recherché était la séduction.
Ce texte peut être utilisé pour conseiller aux femmes croyantes d’avoir une tenue qui ne risque jamais de les faire prendre pour des prostituées. C’est ce que Paul a écrit très clairement à l’Église de Corinthe (1 Co 11.3-16).
IV. En résumé : La position biblique
Pour les Juifs, l’ornement est lié à la foi en Dieu. Les femmes se parent pour leurs maris, et Israël se pare pour son Dieu. Bien que l’Ancien Testament fustige les excès dans les ornements, jamais il n’interdit l’ornement en lui-même.
Dans l’Ancien Testament, que ce soit à l’occasion du premier tabernacle ou de la construction du temple en matériaux durs, avec toutes ses dorures, Dieu n’est pas présenté comme s’opposant aux ornements, à l’or, aux bijoux et aux magnifiques décorations.
À l’époque du Nouveau Testament, les excès et les extravagances dans les ornements étaient prohibés, la société romaine du 1er siècle suspectant d’immoralité les femmes qui s’habillaient de couleurs vives et mettaient beaucoup de bijoux. Le Nouveau Testament, lui, ne s’adresse plus à un peuple dans lequel on entre par naissance et où l’éthique prônée est nationale. Il s’adresse à un peuple dans lequel on entre par choix délibéré en réponse à un appel, et prône donc une éthique de mission. Il ne déclare pas que le port de l’or, de l’argent et des bijoux constitue un péché. Mais, en raison à la fois de leur conviction de simplicité et du contexte historique de persécution, les apôtres considèrent que tout ce qui sort de la modestie et de la simplicité met en danger la vie de l’individu et celle de la communauté tout entière.
On peut se poser la question : Où finit la modestie et où commence l’ostentation ? C’est bien difficile à définir ! Car c’est fonction de la conscience individuelle et des habitudes sociales du lieu et du moment. Faut-il, par exemple, renoncer à tresser les cheveux des petites filles ? Est-il interdit de posséder un objet d’or ou de perle ? Est- ce impudique ou immodeste d’avoir un anneau d’or au doigt ou un petit collier d’or au cou, ou de petites boucles d’oreilles ? Le Nouveau Testament interdit-il de façon absolue le port modéré de bijoux discrets qui donnent la petite touche de finition à la présentation d’une personne épanouie ?
POUR UNE ÉTHIQUE DU PORT DU VÊTEMENT ET DES PARURES
Les normes de la vie chrétienne, telles que l’Église adventiste les a établies, sont des applications de principes immuables, mais elles peuvent varier. « Les normes de bienséance varient avec les pays, les normes d’hygiène avec les données scientifiques acceptées. Les normes concernant l’habillement ou la coiffure n’étaient pas les mêmes à l’époque du Christ, au Moyen Age, à la Renaissance ou au 19e siècle. […] Les hommes pieux du milieu du 17e siècle auraient certainement été très surpris si on leur avait prophétisé que la bande de tissu, que les Croates (allemand dialectal « krawat ») portaient autour du cou, deviendrait une « parure » tellement commune que deux cents ans plus tard, on eut volontiers chassé hors du lieu de culte tout individu masculin adulte qui en aurait fait l’économie. À l’inverse, doit-on, aujourd’hui, interdire le port de la cravate qui est, incontestablement, un ornement ? » (Du bon usage des normes, p. 5.)
Jésus a résumé le décalogue par deux principes : l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain. Il est fondamental, essentiel, que nous ne cherchions pas à respecter la loi de Dieu et les normes chrétiennes aux dépens du principe qui fonde l’ensemble des lois divines : l’amour.
En effet, il y a quelque contradiction et une tragique ironie dans l’attitude de ceux qui, pour défendre une norme, transgressent le principe qui la fonde. « Lorsque, par exemple, pour défendre une cause même juste, on en arrive à des comportements passionnels aboutissant à des querelles, à des jugements d’exclusion et de condamnation des personnes. Ici, le péché, commis par la manière non chrétienne d’être, est largement aussi grave et nuisible que celui que l’on prétend dénoncer. » (Id., p. 13, 14.)
« Ainsi a été créé, écrit Ellen White, un esprit de critique, de suspicion et de dissension qui a causé un gros préjudice à l’Église. Les incroyants eurent alors l’impression que les adventistes […] étaient une troupe de fanatiques et d’extrémistes, et que leurs convictions particulières les rendaient désobligeants, rustres et dépourvus d’esprit chrétien. […] Plusieurs considéraient que la question du vêtement était d’une importance primordiale ; ils critiquaient la manière dont les autres s’habillaient et étaient prêts à condamner quiconque ne se conformait pas en tous points à leurs idées. » (Évangéliser, Éd. « Vie et Santé », 1986, p. 198, 1909.)
Cette déclaration est écrite au passé, mais nous craignons que, en maints endroits, elle ne doive être encore lue au présent !
Ni l’Ancien Testament ni le Nouveau n’interdisent formellement le port du moindre bijou. Nous devons tenir compte du fait que les conditions dans lesquelles se trouvait l’Église primitive ne se retrouvent pas aujourd’hui dans la culture occidentale. Les bijoux ne sont pas nécessairement onéreux, et ceux qui les portent, s’ils le font avec goût, ne seront pas taxés de pratiques sexuelles immorales. D’autre part, notre société est une société démocratique qui prône l’égalité entre hommes et femmes. Nous devons prendre garde de ne pas enseigner l’inégalité en interdisant les parures aux femmes tout en les autorisant pour les hommes (cravates et épingles de cravates, boutons de manchettes, bracelets-montres en or, etc.).
Il est clair que lorsque le vêtement, la coiffure ou la parure véhiculent un message incompatible avec la foi chrétienne (paganisme ou érotisme), ils sont condamnables. Tout comme le vêtement ou la parure qui sont le moyen de faire étalage de sa richesse ou d’attirer l’attention sur soi, et notamment l’attention du sexe opposé. Le chrétien doit s’interroger sur les mobiles de son comportement dans le choix des vêtements ou l’usage de parures. S’il discerne, en toute honnêteté, que ses mobiles ne peuvent pas avoir l’approbation du Seigneur, la conclusion s’impose d’elle-même !
Dans l’ouvrage Ce que croient les adventistes (Dammarie-lès-Lys, 1990), le chapitre intitulé « L’éthique chrétienne » comprend une rubrique titrée « L’habillement chrétien ». On y lit que celui-ci doit être « simple, d’une haute vertu morale, pratique et économique, sain, caractérisé par la beauté naturelle et la grâce » (tels sont les sous- titres de cette rubrique, p. 290). Ceci est tout à fait en harmonie avec les enseignements des Écritures et les conseils qu’E. White nous a donnés de la part du Seigneur.
À plusieurs reprises, E. White insista sur la nécessité de dépenser son argent autrement qu’en « ornements inutiles », mais de l’employer pour les pauvres et pour la cause de Dieu. Exhortant les jeunes à renoncer à eux-mêmes, Ellen White les mit en garde contre l’inutilité « des parures et articles de mode, même si cela ne coûte pas cher », et elle les invitait « à en déposer le montant dans des troncs de charité » (Test., vol. 4, p. 511).
Ce genre d’exhortation ne concernait pas uniquement les jeunes. En effet, nous lisons dans l’ouvrage Le Ministère de la Guérison : « Il en est qui dépensent tellement pour se vêtir qu’il ne leur reste plus rien pour subvenir aux besoins des nécessiteux. Il leur faut des atours et des vêtements coûteux, et ils ne se soucient nullement des besoins de ceux qui ne peuvent qu’à grand-peine se procurer les habits les plus modestes. Mes soeurs, si vous vous conformiez, dans la manière de vous vêtir, aux règles établies par la Bible, vous auriez en abondance de quoi venir en aide à vos soeurs moins favorisées. » (P. 177. Voir aussi p. 241,242.)
Nous sommes convaincus que le peuple de Dieu qui vit dans les temps de la fin a mieux à faire que de consacrer des sommes importantes à l’habillement, aux bijoux, au mobilier, aux véhicules de luxe, ou à telle ou telle source de loisir. Nous sommes invités par le Seigneur à nous souvenir de la mission qu’il a confiée à l’Église, et par conséquent à investir davantage dans la prédication du dernier message que dans le superflu que nous n’emporterons avec nous ni dans la tombe ni dans le royaume des cieux !
Même si nous estimons qu’on ne peut se retrancher derrière des textes bibliques pour interdire d’une façon absolue le port d’un bijou non coûteux et discret, nous pensons que tout chrétien qui se prépare pour le retour du Christ aura à coeur de ne pas dépenser son argent uniquement pour les choses matérielles et celles qui sont éphémères. Les chrétiens qui vivent dans l’aisance ou l’abondance sont invités à participer activement à la proclamation de l’Évangile éternel et à entendre les nombreux appels au secours que lancent tant de populations atteintes aujourd’hui par le malheur ! N’oublions pas le seul critère qui, aux yeux du Seigneur, sert à différencier les brebis des chèvres (ou des boucs) dans l’allégorie de Matthieu 25 : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait [chaque fois que vous avez secouru les pauvres, les étrangers, les malades et les prisonniers].
À côté de toutes les déclarations dans lesquelles Ellen White affirme que nous ne devons pas suivre la mode ni faire usage de parures coûteuses, nous en trouvons d’autres où elle montre que nous devons aussi soigner notre apparence :
« Le vêtement ne doit pas être négligé. Pour l’amour du Christ, dont nous sommes les témoins, nous devons veiller à notre apparence. Dieu lui-même avait prescrit dans ses moindres détails l’habillement de ceux qui devaient servir en sa présence dans le tabernacle. Ceci montre qu’il a quelque chose à dire en ce qui concerne le vêtement de ses serviteurs. Des directives très précises furent données concernant les vêtements d’Aaron, qui devaient avoir une signification symbolique. De même, le vêtement des disciples du Christ devrait être comme un symbole. En toute chose, nous devons le représenter. Tout ce qui touche à nos personnes devrait être caractérisé par la propreté, la modestie et la pureté. » (Messages à la Jeunesse, Dammarie-lès-Lys, 1941, p. 354. Voir aussi Tém. vol. I, p. 690, 692.)
Pour Dieu, la meilleure parure est celle du coeur (1 P 3.4). Il est évident que le chrétien doit rechercher la simplicité dans son apparence, mais il est difficile de codifier la simplicité, c’est-à-dire de la réduire à des prescriptions et à des interdictions nettes et précises. Ce qui est simple pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. La simplicité ne peut pas non plus être codifiée de façon permanente, c’est-à-dire une fois pour toutes. Nous devons discerner ce qu’elle signifie dans un monde en perpétuelle mutation. Par exemple, si les cheveux tressés étaient jadis un signe d’ostentation, ils ne le sont plus en eux-mêmes aujourd’hui (mais tout dépend des tresses, de la façon dont on se tresse les cheveux, et si ces tresses sont naturelles ou artificielles !).
De toute façon, la tentative d’établir des codes qui englobent tous les aspects de la vie chrétienne aboutit à un manque de liberté et, en réaction, à des échappatoires et à des incohérences, ce qui a pour effet de créer des souffrances, puis des doutes, et même la perte de la foi. C’est ainsi que bien des gens ont, avec tristesse, quitté l’Église et ne l’ont jamais réintégrée.
C’est pourquoi nous devons acquérir la maturité dans notre façon de considérer les bijoux et les ornements, et respecter l’intégralité de l’enseignement des Écritures et le témoignage que Jésus a rendu dans sa façon de vivre quand il était sur la terre. De toute évidence, notre Seigneur était résolument en faveur de la simplicité.
Nous devons apprendre comment cultiver la simplicité sans pour autant tomber dans le légalisme. Nous croyons que Jésus nous demande de discerner les limites d’une morale codifiée. Il veut que nous fassions preuve de discernement et de souplesse au milieu du changement, que nous soyons sensibles aux besoins et aux aspirations des autres, mais que nous ne soyons ni laxistes, ni rigides et légalistes. Ainsi, le croyant pourra agir en conscience pour lui-même, être heureux de le faire et développer une tolérance de bon aloi envers les autres. Jésus souhaite que nous haïssions le légalisme et que nous aimions la simplicité, que nous cherchions à ressembler au divin Modèle et à placer en premier le royaume des cieux et sa justice.
Commission d’éthique de l’UFB 23/11/2005
NOTES
1. Les textes bibliques sont ceux de la TOB.
2. Quelques références bibliographiques :
– Servir (Revue publiée par le département de l’Association pastorale de la Division eurafricaine), 1er trim. 90, p. 14-16, « Les résolutions de 1866 sur l’habillement ».
– Du bon usage des normes, supplément au Bulletin d’information adventiste de la F.F.N., « Signes de vie », « Série Spéciale Pilotage », n° 1, 1992.
– Pour une éthique adventiste, éditée par l’UFA, 1996.
– Jones-Haldeman Madelyne (docteur en théologie, professeur de Nouveau Testament à l’Université de Loma Linda), « Adorning the Temple of God », revue Spectrum, vol. 20, n°2, 1990, p. 49-55.
– Newman David (rédacteur de la revue Ministry), « Des normes pour préciser les relations humaines », revue Servir, 1er trim. 90, p. 29-37.
– Rodriguez Angel M. (directeur du Biblical Research Institute de la Conférence générale), Jewelry in the Bible, Ministerial Association of General Conference, PPPA, 1999, 125 pages.
– Charles Scriven (pasteur), « I Didn’t Recognize You With Your Ring On », revue Spectrum, vol. 20, n° 2, 1990, p. 56-59.
– Wheeler Gerald (rédacteur-adjoint au département des Livres de la RH), « Bases historiques des normes adventistes », revue Servir, 1er trim. 90, p. 5-13.
– Gary Land (professeur d’histoire à l’Université Andrews), « Adventists in Plain Dress », revue Spectrum (Association of Adventist Forums), vol. 20, n° 2, 1990, p. 42-48.