À quelle église appartiens-tu ?

Méditations spirituelles 10/08/2020

Frederick Kimani, Nairobi, Kenya / Adventist World

« À quelle église appartiens-tu ? » Pendant la majeure partie de l’année 2019, j’ai redouté cette question. Chaque fois que j’ai tenté d’y répondre de manière honnête, la réaction qu’elle provoquait constamment m’a fait frémir. L’endroit où je me trouvais – au travail avec des collègues, en compagnie de membres de ma famille que je n’avais pas vus depuis un bout de temps, avec mes camarades de classe, ou même parmi des étrangers chez le coiffeur – n’avait aucune importance. Les réactions variaient, mais elles allaient toujours dans le même sens.

« Pourquoi fréquentes-tu cette église ? »

« Avec toute la pub négative qu’on lit et qu’on entend sur les membres de ton église, pourquoi professes-tu encore leur foi ? »

« Y a-t-il vraiment des chrétiens remplis de l’Esprit dans ton église ? »

« J’ai toujours eu du respect pour les adventistes parce qu’ils ont toujours été des chrétiens solides, sobres, aimants, et dotés d’une solide doctrine. Que leur est-il donc arrivé ? »

Cette dernière réponse d’un confrère médecin de mon hôpital m’a fait l’effet d’une flèche décochée en plein cœur. Je suis resté sans voix. Comment pouvais-je répondre à cette question, compte tenu de ce qui circulait dans les médias ? La télévision, les journaux et les stations de radio de mon pays avaient été inondés d’histoires de luttes intestines entre les membres des églises locales – certains d’entre eux allant même jusqu’à s’exprimer violemment sur des questions controversées. Comment pouvais-je défendre mon église au milieu des manifestations publiques de colère, d’amertume et de conflit de la part de certains de ses membres ? Ces comportements n’étaient-ils pas tout le contraire des principes fondamentaux du christianisme ? Il m’a fallu beaucoup de courage pour défendre ma foi et ma communauté ecclésiale, pour être un fidèle porte-drapeau – surtout quand le drapeau avait été entaché par des reportages sur les membres d’église qui se battaient entre eux.

Enfant, j’ai grandi en sachant que dans ma partie du monde, les adventistes ont toujours été considérés comme un peuple « particulier » (c’est-à-dire « bizarre », et non dans le sens où l’apôtre Pierre l’utilise [1 P 2.9]) – un peuple connu surtout pour son goût du soja et son refus de participer aux activités scolaires et professionnelles le septième jour de la semaine. Or, en ce début d’année 2020, les sentiments populaires des adventistes leur sont beaucoup plus attachés que je ne l’aurais jamais imaginé.

Je me suis alors demandé à quel genre d’église je désire appartenir. Je veux que mon église soit connue pour son amour et son acceptation. En tant qu’adventiste, je veux être connu pour ma compassion envers tous, pour mon ouverture à tous, pour mon acceptation de tous – sans peur, sans faveur, sans préjugés. Je veux être connu pour ma gentillesse, ma bonté, ma fidélité, ma douceur, entre autres fruits de l’Esprit (Ga 5.22-23).

Je veux être connu pour mon intégrité, ma loyauté, ma générosité, ma chaleur, et ma joie.

Mais il y a plus important encore : si Jésus était un adventiste vivant en 2020, pour quoi voudrait-il être connu ? Certainement pas pour les disputes locales féroces de 2019… Il nous rappelle plutôt, avec insistance : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13.35 ; c’est moi qui souligne). Cet amour commence avec vous et moi. Comment traitons-nous ceux qui nous entourent – même lorsque personne ne nous regarde ? Gardons-nous notre calme ? Proclamons-nous le message d’amour du Christ dans nos actes ? Nous connaît-on d’abord et avant tout comme la confession chrétienne la plus aimante ici- bas, ou surtout pour notre penchant marqué pour la doctrine à tout prix ?  L’église à laquelle je désire appartenir est… compatissante. L’église à laquelle je désire appartenir a l’amour pour centre de tout.


Frederick Kimani est médecin consultant à Nairobi, au Kenya.