Par Meriviana Marin | Revie Connectées, numéro 2 de 2022
Commentaire biblique sur Exode 20. CB 611-612
Le scénario avait déjà été préparé pour la proclamation de la loi morale qui, depuis toujours, est restée la norme fondamentale de conduite pour d’innombrables millions. Personne ne niera que ce fut l’un des événements marquants et décisifs de l’histoire. Personne ne peut non plus nier la nécessité vitale qu’ont tous les hommes d’un tel code de conduite en raison de leurs imperfections morales et spirituelles et de leur tendance à faire ce qui est mal. Le Décalogue se distingue au-dessus de toutes les autres lois morales et spirituelles. Il englobe toute la conduite humaine. C’est la seule loi qui peut contrôler efficacement la conscience. C’est un manuel condensé de la conduite humaine qui couvre tout ce qui concerne le devoir humain en tout temps. Notre Seigneur a parlé des commandements comme le chemin par lequel la vie éternelle peut être atteinte (voir Matthieu 19.16-19). Ils sont adaptés à toute forme de société humaine ; ils sont applicables et en vigueur aussi longtemps que dure le monde (voir Matthieu 5.17,18). Ils ne peuvent jamais devenir obsolètes, car ils sont l’expression immuable de la volonté et du caractère de Dieu. C’est à juste titre que Dieu les a donnés à son peuple, tant oralement que par écrit (voir Exode 31.18 ; Deutéronome 4).
Bien qu’il ait été donné à l’homme par l’autorité divine, le Décalogue n’est pas une création arbitraire de la volonté divine. C’est plutôt une expression de la nature divine. L’homme a été créé à l’image de Dieu (voir Genèse 1.27), il a été fait pour être saint, puisque Dieu est saint (voir 1 Pierre 1.15,16), et les Dix Commandements sont la norme de sainteté ordonnée par le ciel (voir Romains 7.7-25). La clé de l’interprétation spirituelle de la loi a été clairement donnée par notre Seigneur Jésus-Christ dans le Sermon immortel sur la Montagne (voir Matthieu 5-7).
Le Décalogue est l’expression non seulement de la sainteté, mais aussi de l’amour (voir Matthieu 22.34-40 ; Jean 15.10 ; Romains 13.8-10 ; 1 Jean 2.4). S’il manque d’amour, quel que soit le service que nous rendons à Dieu ou à l’homme, la loi n’est pas respectée. C’est l’amour qui nous protège de violer les Dix Commandements, car comment pourrions-nous adorer d’autres dieux, prendre le nom de Dieu en vain et négliger l’observance du sabbat, si nous aimons vraiment le Seigneur ? Comment pouvons-nous voler ce qui appartient à notre prochain, dire de faux témoignages contre lui ou convoiter ses biens, si nous l’aimons ? L’amour est la racine de la fidélité à Dieu, de l’honneur et du respect des droits de nos voisins. Cela devrait toujours être le grand motif qui nous pousse à l’obéissance (voir Jean 14.15 ; 15.10 ; 2 Corinthiens 5.14 ; Galates 5.6).
Dès qu’une personne vient au Christ, elle s’abstient de tout le mal auquel elle est habituée. À l’origine, dans le but d’aider les pécheurs à distinguer le bien du mal, le Décalogue a été donné principalement sous une forme négative. La répétition du mot « Ne… pas » montre qu’il y a de fortes tendances dans le cœur qui doivent être supprimées (voir Jérémie 17.9 ; Romains 7.17-23 ; 1 Timothée 1.9,10). Mais cette forme négative englobe un vaste et satisfaisant champ d’action morale qui s’ouvre devant l’homme et permet toute l’ampleur du développement du caractère qui est possible. L’homme n’est limité que par les quelques interdictions mentionnées. Le Décalogue certifie la vérité de la liberté chrétienne (Voir Jacques 2.12 ; 2 Corinthiens 3.17). Bien que la lettre de la loi, en raison de ses quelques mots, puisse sembler étroite dans sa portée, son esprit est « très large » (voir Psaume 119.96).
Le fait que les Dix Commandements aient été écrits sur deux tables de pierre souligne leur application à deux classes d’obligations morales : les devoirs envers Dieu et les devoirs envers l’humain (voir Matthieu 22.34-40). Nos obligations envers Dieu sont nécessairement liées à nos obligations envers les autres humains, car la négligence des devoirs envers notre prochain sera rapidement suivie par la négligence de nos devoirs envers Dieu. La Bible n’ignore pas la distinction entre la religion (devoirs directement liés à Dieu) et la morale (devoirs découlant des relations terrestres), mais elle les unit dans un concept plus profond : que tout ce que l’on fait est fait, pour ainsi dire, pour Dieu, dont l’autorité est suprême dans les deux sphères (voir Michée 6.8 ; Matthieu 25.34-45 ; Jacques 1.27 ; 1 Jean 4.20).
Étant des paroles de Dieu, les Dix Commandements doivent être distingués des « lois » (chap. 21.1) basées sur eux, et inclus avec eux, dans le « livre de l’alliance » pour constituer la loi statuée d’Israël (voir chap. 24.3). Les deux tables qui comprennent le Décalogue -à l’exclusion des autres parties de la loi – sont appelées de diverses manières : « Le témoignage » (chap. 25.16), « son alliance » (Deutéronome 4.13), « les paroles de l’alliance » (Exode 34.28), les « tables du témoignage » (Exode 31.18 ; 32.15) et « les tables de l’alliance » (Deutéronome 9.9-11). Ces tables de pierre, et elles seules, ont été placées dans l’arche de l’alliance (voir Exode 25.21 ; 1 Rois 8.9). Elles ont ainsi été considérées, dans un sens particulier, comme le lien du pacte. La pose des tables sous le propitiatoire permet de comprendre la nature de l’alliance que Dieu a faite avec Israël. Elle montre que la loi est la base, le fondement du pacte, le document obligatoire, le titre de la dette. Cependant, sur la loi, il y a le propitiatoire, parsemé du sang de la propitiation, un témoignage réconfortant qu’il y a le pardon en Dieu pour ceux qui transgressent les commandements. L’Ancien Testament fait uniformément une distinction claire entre la loi morale et la loi cérémonielle (voir 2 Rois 21.8 ; Daniel 9.11).