Oleg Kostyuk, Maryland, États-Unis / Adventist World
Bien des gens divisent leur monde social ainsi : « nous » et « eux ». « Nous », c’est généralement un groupe de personnes aux origines sociales, culturelles et ethniques similaires, aux intérêts comparables, ainsi qu’aux mêmes opinions politiques et religieuses. « Nous », c’est un groupe de personnes avec lesquelles nous nous sentons à l’aise.
« Eux » ont un look différent, des pensées différentes, une manière de s’exprimer différente. La plupart du temps, nous limitons nos interactions avec ces « eux ». Certains affirment que cette tendance à se diviser entre « nous » et « eux » est ancrée en nous et est cruciale pour notre survie. C’est pourquoi elle est toujours présente dans la société humaine, suggèrent-ils.
Jésus, cependant, offre une autre perspective. Il est erroné de catégoriser même notre pensée en « nous » et en « eux ». Si nous prétendons être disciples de Jésus, nous devons suivre son exemple d’accueil inconditionnel. L’Église à laquelle je désire appartenir est vraiment accueillante. Examinons de plus près une histoire particulière de la vie de Jésus qui montre à quel point il était radicalement accueillant.
L’une des actions les plus spectaculaires de Jésus est la purification du temple. Cet épisode est consigné dans trois des quatre Évangiles. Matthieu raconte : « Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons. Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs. Des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le temple. Et il les guérit. Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu’il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple : Hosanna au Fils de David ! » (Mt 21.12-15)
Jésus venait juste d’effectuer une entrée triomphale à Jérusalem. La Pâque, l’une des fêtes religieuses juives les plus importantes, allait commencer. Les historiens estiment que la population normale de Jérusalem s’élevait à environ 30 000 habitants ; mais pendant la Pâque, elle passait à 180 000 ! Pour les Juifs vivant au premier siècle, le temple de Jérusalem était l’un des lieux les plus sacrés sur la terre. C’était l’endroit où le ciel et la terre se rencontraient.
Lorsque Jésus fit son entrée à Jérusalem, la plupart des gens dans la ville n’en savaient que fort peu sur lui. L’entourage galiléen de Jésus criait « Hosanna [“Sauve-nous maintenant”] au Fils de David ! » Les gens se rendirent soudain compte qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire, car une grande foule avait suivi Jésus alors qu’il entrait à Jérusalem d’une manière inhabituelle – monté sur un âne. Était-il le Messie, ou un autre fauteur de troubles (versets 10, 11) ?
SORTEZ D’ICI !
Ce que Jésus fit immédiatement après son entrée à Jérusalem secoua la ville et son établissement religieux en leurs fondements. Le Seigneur se rendit dans le lieu le plus saint de la ville, le temple, et le purifia. À cette époque, le temple n’était pas un simple bâtiment. Ce complexe sur la montagne de Morija était constitué du portique, de la cour des païens entourant le sanctuaire, de la cour des femmes, et au milieu, du sanctuaire proprement dit. La circonférence totale de l’enceinte sacrée faisait environ 1,6 km de long. C’était le cœur même du judaïsme, le seul endroit où le culte de Yahvé pouvait avoir lieu. Le temple devait toujours être rituellement pur. Tout ce qu’on y apportait devait l’être, et tous ceux qui y entraient devaient être, eux aussi, purifiés.
Mais seule la façade était « pure », car le « cœur » du temple avait besoin d’une sérieuse purification. Le temple était devenu le lieu où les riches s’enrichissaient. Pour préserver la « pureté » du temple, le seul endroit où l’on pouvait acheter une offrande était dans le temple. La seule monnaie « pure » pouvant être utilisée était celle du temple, faite de l’argent de la plus haute qualité. Les changeurs trompaient les fidèles en fixant des taux de change exorbitants.
Certains chefs religieux étaient devenus corrompus et mus par l’ambition. D’autres s’efforçaient tellement d’être eux-mêmes « purs » et à rendre le temple rituellement « pur » qu’ils avaient perdu tout contact avec leurs semblables. De récentes découvertes archéologiques montrent que le quartier des prêtres était au nombre des quartiers les plus riches de Jérusalem. Nombre de leurs maisons comptaient plusieurs bains rituels pour s’assurer de ne surtout pas se mêler aux gens ordinaires, de peur de devenir impurs après s’être purifiés. Les prêtres utilisaient un pont privé reliant leur quartier au temple.
En purifiant le temple, Jésus voulait que tous ceux impliqués dans ces exercices religieux comprennent quelque chose d’extrêmement important.
IL EST ÉCRIT
Immédiatement après avoir purifié le temple, Jésus dit : « Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs. » (v. 13) Il cite ici Ésaïe 56.7. Dans son contexte original, voici ce qu’on lit :
« N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. » (Mc 11.17) Le temple devait être une maison de prière pour les Gentils et les Juifs.
Mais le sanctuaire était fermé aux Gentils, et la cour qui leur était destinée avait été transformée en marché. En fait, autour du sanctuaire, à intervalles réguliers, se trouvaient des dalles de pierre portant des avertissements sévères pour que les étrangers n’entrent en aucune circonstance dans le temple, sous peine d’exécution. Or, le temple de Dieu était censé être un lieu où la bonne nouvelle pouvait être entendue de tous. Hélas, Israël et ses dirigeants avaient oublié cette mission.
L’action suivante de Jésus est encore plus frappante. Aussitôt après la purification du temple, « les aveugles et les boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit » (Mt 21.14). Selon la tradition, les aveugles et les boiteux n’étaient pas autorisés à entrer dans le parvis du temple. On considérait qu’ils avaient de graves défauts, que leur présence ne convenait pas au saint temple de Dieu. Jésus, lui, accueillit les imparfaits de ce monde et les guérit dans le temple. Notez bien qu’il ne les guérit pas avant qu’ils entrent dans le temple ; il les guérit dans le Temple.
Le Jésus accueillant attend de ses disciples qu’ils com- prennent que tous les gens vivant sur terre sont leurs sœurs et leurs frères. Nous sommes une même famille ! Nous sommes appelés à être les mains compatissantes de Jésus qui accueillent et étreignent tout le monde. C’est pourquoi ce n’est que lorsque nous dépassons les frontières raciales, politiques, religieuses ou sociales que nous pouvons être appelés ses disciples. C’est ce que signifie suivre l’exemple de Jésus et aimer jusqu’au bout, comme il l’a fait.
C’est là l’unique façon d’avancer.