Bill Knott, éditeur en chef de la revue Adventist World
Je revois, dans un souvenir d’enfance, se dresser sur une haute colline balayée par le vent une vieille grange délabrée par les intempéries. Pendant la plus grande partie de l’année, elle abrite le bétail, le protégeant ainsi de la glace et de la neige. On y stocke les céréales, le fourrage, et l’on y range les vieux outils nécessaires à l’exploitation d’une ferme d’élevage.
Mais chaque année, pendant les glorieuses semaines de juillet, la vieille grange devient un lieu de joie sans pareil pour mes frères et moi. Nous humons avec bonheur les doux arômes du foin fraîchement coupé et empilé dans le fenil pour l’hiver. Une fois que mon père a soigneusement inspecté le foin pour y enlever tout ce qui pourrait être dangereux, nous grimpons l’échelle branlante jusqu’à une poutre élevée, fixons ce foin nouveau et abondant, sautons, puis atterrissons en toute douceur sur le monticule odorant.
C’est, du moins, ce que font mes frères ! Ces garçons sont naturellement gracieux, souples, bien synchronisés. Ah, leur « plongeon du cygne » dans le mil et le trèfle a l’allure d’un vrai chef-d’œuvre ! Soucieux de ne pas être en reste, je décide de sauter à mon tour.
Boum ! Dans une descente qui tourne mal, mes genoux frappent brutalement ma mâchoire. Je me redresse dans le foin aromatique, me frotte le menton, et essuie mes larmes de réelle douleur et de fierté blessée.
Cette fin inattendue se répète à chaque saut, peu importe mes tentatives d’ajustement du corps, le calcul de mon inclinaison, ou la façon dont j’étends les bras. En haut de l’échelle, en travers de la poutre, je me prépare pour le saut parfait – puis boum ! Et d’une fois à l’autre, je me dis qu’au prochain coup, je n’échouerai pas ; mais le foin qui sèche, lui, devient toujours plus humide de mes larmes.
Chaque expérience de la vie nous apprend des leçons. En ce qui me concerne, sauter dans le foin m’a appris la persévérance. Mes ancêtres yankees connaissaient bien le credo : « Si tu ne réussis pas du premier coup, essaie, et essaie encore ! » Et c’est ce que j’ai fait, encore et encore.
Les atterrissages difficiles répétés et les douleurs récurrentes sont ce que nous, les humains, craignons profondément. En tant qu’individus et en tant que groupes, nous grimaçons devant ce qui, nous en sommes certains, va se produire : l’échec « inévitable » ; le « non » répété à nos demandes ; l’impression générale que nous sommes trop faibles, trop gauches pour remplir notre mission ou trouver la vraie joie. La peur, somme de toutes nos blessures, nous souffle à l’oreille : « Ne prends pas de risques. Contente-toi de rêves plus modestes. »
Mais à chaque cœur épris de Dieu, un murmure se fait en- tendre : « Essaie encore. Grimpe encore. Ceux qui s’envolent enfin sont tombés maintes fois avant de réussir. » Individus, groupes de prière, congrégations entières, ministères d’évangélisation… en fait, l’ensemble de ce mouvement mondial du temps de la fin doit entendre l’encouragement céleste qui nous aide à faire face à nos peurs et à faire appel au succès que seul le ciel peut garantir. Ainsi donc, ami lecteur, grimpez à l’échelle, encore et encore…