MICHAEL RYAN, ancien vice-président de la Conférence générale / Adventist World
La poussière s’infiltre par les trous du plancher rouillé de la Datsun bleue – la camionnette de la mission. Alors que nous nous frayons un chemin à travers les nids de poule de la route poussiéreuse de la capitale, le silencieux troué de la camionnette fait savoir de loin que nous arrivons.
Trois petites églises adventistes clandestines ont survécu au massacre brutal qui a ravagé le sud du pays. Une paix négociée par les Nations Unies incite les dirigeants des églises à me demander de les aider à faire des plans pour répandre l’Évangile. Alors que le désespoir plane dans l’air, je m’efforce de me rappeler constamment que Jésus est là. Quarante-deux membres d’église participent au séminaire. Leur passion est palpable ! Ils planifient, discutent, et imaginent l’établissement de 12 nouvelles congrégations, d’un bureau d’ADRA, et d’une station de radio FM. Je n’oublierai jamais leur question brûlante du dernier après-midi. « Pasteur, on sait que le Saint-Esprit fournira la puissance du ciel, mais nous, comment est-ce qu’on va s’y prendre ? »
Convaincu que la simplicité sera la plus utile, je dis : « C’est simple, mais il ne doit pas y avoir d’exceptions. Si vous voulez que l’Église grandisse, chaque membre, quel que soit son talent, doit avoir un travail à faire pour le Seigneur – chaque membre. »
Seize mois plus tard, je m’asseye sur l’une des chaises dépareillées du bureau de la mission. Quatorze nouvelles congrégations ont été établies, pour un total de 17 congrégations dans la capitale. ADRA occupe un bureau juste au bout du couloir. En arrière-plan, de la musique chrétienne est diffusée par la station de radio adventiste – seule station de radio FM de toute la ville.
Toute cette réalisation tient du miracle ! « C’est simple, déclare le président de la mission. Il faut travailler et prier. C’est bien ça : travailler et prier. » Animé de la joie du Seigneur, il m’informe que je rencontrerai les nouveaux membres sabbat prochain, lors du camp-meeting qui se tient en ville.
Sabbat matin, alors que je franchis à pied la courte distance entre l’hôtel et le camp-meeting, je remarque un jeune homme qui, à une intersection très fréquentée, distribue rapidement un prospectus à tous les passants. Je me dis qu’il s’agit probablement d’un tailleur, d’un mécanicien, ou d’un barbier qui fait de la publicité pour son commerce.
Il m’en tend un, à moi aussi. Je ne peux évidemment pas le lire, et je n’essaie même pas. C’est que j’ai tout de suite reconnu le logo de l’Église adventiste.
« Vous êtes un adventiste ? »
« Oui, me répond-il, depuis deux mois. »
Comme nous sommes encore loin du site du camp-meeting, je lui demande : « Et pourquoi êtes-vous ici ? »
Dans un anglais massacré, il me dit : « Monsieur, à l’église des sept jours, tout le monde a un travail pour le Seigneur – tout le monde. »
« Et quel est votre travail ? »
Rempli d’une sainte fierté, il répond : « Monsieur, je suis l’un des sept hôtes à un kilomètre à la ronde ! »
Je passe rapidement en revue le travail du comité de nomination de l’église locale. Je me souviens d’avoir recommandé les responsables suivants : anciens, diacres, animateurs de l’École du sabbat, trésoriers, chefs des Explorateurs, responsables des services communautaires, et bien d’autres encore. Mais nulle part, absolument nulle part, ai-je recommandé un poste portant le nom de « Hôte à un kilomètre à la ronde ».
Ce matin-là, je prends la parole devant 1 200 adventistes. Je demande à tous les participants : « Ceux qui parmi vous sont ici pour la première fois parce qu’ils ont été invités par un hôte à un kilomètre à la ronde, levez-vous, je vous prie ! » Et j’en compte 28 en tout.
La créativité du Saint-Esprit met au défi chaque église de se poser la question suivante : « Quelle est ma version de l’hôte à un kilomètre à la ronde ? »