Par Ruth Gal
De tous les commandements, il est le plus long, le plus détaillés, et surtout : le seul qui fasse un parallèle direct entre Dieu et nous, son rôle de Créateur impliquant tous les paramètres d’une relation filiale. À ce titre, et à bien d’autres, il englobe des éléments qui lui donnent une densité et une importance à part des autres commandements, et demandent à être analysés.
— Pourquoi le peuple juif a-t-il été le seul à le respecter, prioritairement aux autres commandements souvent bafoués ?
— Pourquoi est-ce le seul commandement à avoir été modifié, alors qu’il semble être le plus simple à honorer ?
— Pourquoi est-il l’objet d’une attention particulière de la part de Dieu ?
Questions basiques qui nous obligent à remonter à l’origine de la création ! Faisons-le de manière succincte, sans autres moyens que nos connaissances de l’univers spirituel — à tous les niveaux — et avec une possible logique de raisonnements :
— Le plan de Dieu : créer un autre univers sans attributs divins, concernait évidement l’ensemble de son céleste entourage, qui allait s’y trouver impliqué.
— Lucifer, chef des myriades d’anges, forcément le premier concerné, se devait d’y être intéressé. Or c’était l’occasion pour lui, l’« astre brillant… le plus beau et le plus sage… », de fomenter son projet d’être le dieu de ce nouveau monde ! (Ésaïe 14 : 2, 13, 14 ; Ezéchiel 28 : 16, 17)
— « Dieu acheva au septième jour son œuvre… Il se reposa au septième jour de toute son œuvre… Il bénit le septième jour et le sanctifia » (Genèse 2 : 1-3)
Jouissant visiblement d’une attention particulière, le Sabbat, emblème marquant l’apogée de la créative divine, est le seul commandement ayant été « béni et sanctifié ». Il indique et souligne ce qui est le sceau de Dieu : son amour infini ! Par le « drapeau » du Sabbat, nous adhérons au plan initial en reconnaissant sa Sainteté.
S’attaquer au divin drapeau — crime et sacrilège — fut une riposte enragée de Satan, après la victoire de la croix ! Amputer la Loi de son 4e commandement fut pour lui la plus facile et la plus sournoise de ses vengeances. Action impossible à mettre en œuvre auparavant, en dépit de son caractère plus pratique que moral, car l’Éternel veillait « avec jalousie » sur son peuple !
Satan brise ainsi la force et l’intégrité de ce socle concret, mis à notre disposition pour franchir les étapes menant à Dieu. Car une seule petite épine dans le pied empêche de marcher, et peut aboutir à la mort par la gangrène !
Le respect du Sabbat est notre humble participation à la commémoration de cet évènement, assurément fêté au ciel. C’est la seule chose que nous puissions « offrir » au Créateur pour Lui prouver notre gratitude, en réponse à ses bénédictions et ses promesses :
« Si tu retiens ton pied pendant le Sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, si tu fais du Sabbat tes délices pour sanctifier l’Éternel en le glorifiant, Alors tu mettras ton plaisir en l’Éternel ! » (Esaïe 58 : 13)Comment parvenir, grâce au Sabbat, au stade des délices aboutissant au bonheur ? Il ne s’agit ni « de faire » ni « de ne pas faire » quoi que ce soit, mais de nous approcher toujours plus de Dieu pour nous abandonner entre ses mains. Puisqu’Il nous fait l’honneur de points communs — notamment similitudes de sentiments, de réactions — nous devons, étant en mesure et en droit de le faire, chercher à Le connaître plus et mieux en tant qu’Être concret, et non seulement Pur Esprit. En quoi sommes-nous semblables à notre Créateur ? Quels sont nos sentiments communs ? — Lors de la création, Il s’est réjoui de constater que tout était bon ! (Genèse 1 : 31 ; Psaume 104 : 31) — Plus tard, Il fut affligé de constater l’emprise du Mal sur l’homme (Genèse 6 : 6) — Il manifeste sa colère contre toute impiété et injustice des hommes qui retiennent la Vérité captive (Romains 1 : 18) — Il manifeste de la fierté devant la fidélité de Job (Job 1 : 8) — Il observe tout, est attentif à tout, s’intéresse même aux cheveux de notre tête ! (Psaume 33 : 14, 15 ; Jérémie 8 : 6 ; Matthieu 10 : 30) — Il s’attriste de nos transgressions, et Il tend la main. (Psaume 145 : 8, 9, 14 ; Matthieu 12 : 50) — Il a souffert pour son Fils qui a endossé notre humanité, et nous a aimés à travers lui :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » « … nous qui sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort » (Jean 3 : 16 ; Romains 6 : 5) Depuis toujours Il a espéré et attendu notre amour : « Que demande l’Éternel ton Dieu, si ce n’est de L’aimer… de tout ton cœur et de toute ton âme »Il se met à notre niveau :
« Vous me chercherez, et vous me trouverez si vous me cherchez de tout votre cœur : je me laisserai trouver par vous ! » « Je connais les projets que J’ai formés sur vous, dit l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » (Deutéronome 10 : 12 ; Jérémie 29 : 11-13) « Car ce n’est pas une chose sans importance pour vous : c’est votre vie ! » (Deutéronome 32 : 47)On comprend mieux le désir — par l’intermédiaire du Sabbat — de reconnaissance et de collaboration du Créateur avec sa créature, en le comparant à celui du Christ appelant — par la puissance de l’Esprit — ses disciples à continuer son œuvre. Un commun dénominateur et le même moteur les animent : l’Amour ! Pour clore le merveilleux portrait de ce Père céleste cherchant à nous sauver par tous les moyens, écoutons l’appel du Fils, notre sauveur :
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3 : 20)Comment, après pareils constats, ne pas profiter du Sabbat pour vouloir davantage entretenir et fortifier la relation filiale que Dieu propose et encourage ? Fondamentalement différent des autres commandements, il prend alors sa réelle dimension de privilège, donnant à notre vision et notre compréhension de pouvoir appréhender la richesse d’une telle communication, avant-goût de ce qui nous attend dans l’Éternité !