Août 2020 / Moira Surridge / Adventist World
Derrière les masques, les gants et les blouses
En 40 ans de travail au sein du NHS (Service national de santé), je n’ai jamais été aussi loin du travail normal d’une infirmière !
Au Royaume-Uni, la distanciation sociale a commencé le 23 mars. J’ai commencé ma première garde à l’unité de soins intensifs (USI) le 24 mars à 7 h 30. C’est avec des émotions mitigées que je suis revenue dans l’unité où j’avais travaillé pendant 10 ans et que j’avais quittée en 2007. J’étais à nouveau dans le feu de l’action ! J’ai trouvé le port de l’équipement de protection individuelle (EPI) contraignant, claustrophobe, chaud et oppressant. Je savais que j’entrais dans un point chaud de la COVID-19. Comment allais-je annoncer à ma famille, à ma mère et à mon père que j’avais offert mes services au cœur même de ce cauchemar ?
Ne vous faites pas d’illusions : la COVID-19 est un cauchemar, un ennemi invisible. Le vendredi 17 avril, j’ai atteint le point culminant de mes quatre premières semaines à l’USI : l’une de nos propres infirmières ainsi que deux patients se sont éteints. Ce jour-là, nous avons tous ressenti une tristesse profonde, palpable, ineffaçable. Beaucoup d’entre nous n’ont pu retenir leurs larmes.
Au fil des semaines, la COVID-19 nous a ravi beaucoup de patients, et a marqué de nombreux jours pénibles. Si les membres de la famille ne pouvaient souvent être présents, en revanche, aucun de nos malades n’est décédé seul. J’ai tenu la main de deux patients à l’agonie. Je leur ai parlé de leurs proches et de circonstances plus heureuses… Ces moments déchirants, je ne pourrai jamais les oublier.
Mais après des semaines d’épuisement et de larmes, pourquoi est-ce que je partage maintenant ces choses ? Simplement parce que je ne me suis jamais sentie aussi totalement remontée par les gestes de pure gentillesse et par le professionnalisme de la part de ceux qui m’entouraient. Des membres du personnel infirmier de tout notre hôpital ont été envoyés à l’USI pour nous soutenir. Je ne peux qu’imaginer leur terreur alors qu’on les catapultait dans un environnement aussi menaçant que ça. Ces collègues m’ont encouragée, soutenue, et communiqué un sentiment d’humilité. Jamais nous n’aurions pu tenir le coup sans leur soutien.
Ma merveilleuse famille, sans laquelle je n’aurais jamais pu passer d’un quart de travail à l’autre, m’a envoyé des textes de soutien, des cartes, des fleurs, des sacs pleins de bonnes choses. Chaque fois que je rentrais à la maison, on m’accueillait avec des petits fours faits le jour même, de la tisane, et on acceptait le fait que tout ce dont j’avais envie, c’était de prendre une bonne douche et d’aller au lit !
Je sais maintenant à quel point les mots gentils, les collègues extraordinaires, la famille et les amis sont précieux ; et surtout, à quel point la vie est précieuse. N’oubliez jamais le merveilleux don de la vie que Dieu nous a accordé, et l’espoir que nous avons tous d’un avenir en sa compagnie.
« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » (Ph 2.3,4)
Moira Surridge est infirmière au sein du Service national de santé du Royaume-Uni. Ce qui précède est une adaptation de l’histoire qui a paru dans l’édition du 8 mai 2020 du Messenger – le journal de l’Église adventiste au Royaume-Uni et en Irlande. Pour voir le reportage vidéo, visitez le site TED.adventist.org/news/1699-care-in- a-crisis-reflections-from-a-returned- intensive-care-nurse.