Bill Knott, Maryland, États-Unis / Adventist World
Je le regarde se glisser gracieusement entre les bancs de l’église, de l’avant vers l’arrière. Ses yeux scintillent, son visage se plisse constamment d’un sourire. Alors que leur pasteur s’approche, les membres d’église se penchent vers lui, leur regard rivé sur le sien, anticipant avec impatience la bienveillance de sa salutation.
« Comment va la famille Knott cette semaine ? » nous demande-t-il alors qu’il arrive à notre banc. Il s’assure de regarder droit dans les yeux ma femme, nos deux fils ados, et moi. Ce pasteur dégage une chaleur dont il nous faut encore faire l’expérience de la part de bien des membres au cours de nos premiers mois au sein de cette nouvelle congrégation.
Bien qu’il ne passe tout au plus qu’une minute avec chaque famille, jamais il ne la salue avec précipitation. Souvent, les premières notes du prélude de l’orgue annonçant le service de culte le trouvent penché sur un autre banc. Il est, à l’évidence, réticent à mettre abruptement fin à ses aimables salutations dont tant de gens se nourrissent.
C’est ainsi que la plupart des sabbats, je suis entré dans la salle de culte en souriant, ne me laissant plus distraire par les problèmes non résolus de la semaine passée ; heureux d’être parmi ceux que je commençais à peine à connaître ; prêt à communier à cœur ouvert avec mon Dieu. Je chantais plus fort, priais plus ardemment, et écoutais la Parole plus attentivement parce que j’avais été accueilli par un serviteur de Dieu rempli de grâce.
On connaissait déjà le sermon qui suivrait habituellement ici – celui qui parle de ne pas oublier d’exercer l’hospitalité envers les étrangers (He 13.2). Mais des mois après avoir dépassé le statut d’« étranger » dans cette congrégation – bien après être devenu un ancien d’église et un moniteur de l’École du sabbat – il m’était toujours très important, semaine après semaine, d’être béni et salué par mon pasteur, et quand il a pris sa retraite, de l’être aussi par d’autres qui, com- prenant le don qu’il nous avait fait, nous l’ont également transmis.
À l’heure actuelle, nous aspirons à retrouver ce que nous tenions pour acquis il y a trois mois à peine : la poignée de main ou le bras autour de l’épaule ; le sourire en personne qui transmet une chaleur avec laquelle aucune expression virtuelle ne pourra jamais rivaliser ; le réconfort de s’asseoir aux côtés d’autres croyants – et avec eux – dans les moments de chagrin ou de joie. Il y a plus de 80 ans, Dietrich Bonhoeffer a compris à quel point cette expérience est cruciale pour notre histoire de foi : « La présence physique d’autres chrétiens est, pour le croyant, une source de joie et de force incomparables*. »
Lorsque cette affliction sera enfin chose du passé, nous aurons l’occasion unique de faire de ces lieux où nous apprenons la Parole et où nous adorons ensemble des sanctuaires de bonté et de relation.
* Dietrich Bonhoeffer, Life Together, Hymns Ancient and Modern Ltd. Kindle Edition.