Auteure : Carolina Ramos étudie la traduction, l’enseignement de l’anglais et l’éducation musicale à l’Université adventiste de la Plata, en Argentine | Adventist World, janvier 2022
À mon arrivée dans un pays étranger, les choses ne se déroulent vraiment pas comme je les ai imaginées. En raison d’un problème avec mes papiers, on m’arrête ! Je me retrouve dans une cellule pendant une semaine, jusqu’à ce que le malentendu soit résolu.
Avant de quitter la maison, j’avais le sentiment que ce voyage avait l’approbation de Dieu. Mais même si la tournure des événements dévie de mon plan initial, je sais que Dieu est toujours avec moi. J’ai l’assurance qu’une fois de plus, il fera en sorte que toutes choses concourent au bien. C’est de cette promesse que je me réclame avant de monter dans le camion de police.
Pendant la procédure, on me fait attendre dans une pièce froide. Une jeune femme en T-shirt se tient non loin de moi. Comme je porte un pull et un manteau, je lui offre mon manteau. Au cours de notre conversation, je lui dis que je suis chrétienne. Ayant vécu de nombreuses situations difficiles, elle me demande : « Pensez-vous que Dieu m’aime encore ? »
Je saisis cette occasion de partager ma foi. Je lui parle de l’expérience de Paul et de Silas en prison. À ma surprise, elle me demande de chanter ! Alors que je chante un ou deux cantiques, les larmes lui montent aux yeux.
Peu après, on nous prend toutes nos affaires et on nous donne un uniforme de détenues. Puis quelqu’un nous guide vers la toute petite cellule.
Dans cette cellule sans fenêtre, le Fils de la justice nous inonde de lumière.
Cinq heures du matin. On nous sert le petit-déjeuner. Je demande à ma nouvelle amie si je peux prier. Et c’est la première d’une longue série de prières ! Je suis heureuse de constater qu’au fil des jours, elle décide, elle aussi, de prier.
Cette cellule… Qu’est-ce qu’elle est froide ! Notre uniforme a des manches courtes et nos couvertures sont minces. Nous n’avons rien d’autre à faire que d’attendre que quelqu’un nous appelle. J’espère qu’on me libérera d’ici le sabbat, mais en vain. Personne ne vient me chercher. Je pense alors à Jean-Baptiste, à la solitude et à l’abandon qu’il a dû ressentir.
Tandis que je suis allongée sur ma couchette et réfléchis à son histoire, je m’aperçois que les murs de notre cellule ont plusieurs versets bibliques et prières écrits dessus. Ainsi, d’autres avant moi se sont cramponnés à la Bible pour surmonter le désespoir, tout comme je le fais en ce moment !
Dans les moments les plus sombres, quand il semble qu’on nous a tout enlevé, je découvre qu’il y a quelque chose que personne ne peut me prendre – ma foi.
Mardi. On me libère. Avant de franchir la porte de ma cellule, je serre ma nouvelle amie dans mes bras. Je sens que cette rencontre imprévue a été voulue de Dieu, qu’il s’est servi de moi pour bénir quelqu’un. Et soudain, son amour et sa volonté de venir ici-bas pour une seule personne, et ce que ça lui a coûté, deviennent plus réels pour moi.
Bien des gens dans le monde doivent se déplacer pour différentes raisons. Ils perdent leur maison, leurs vêtements et bien souvent, leurs espoirs.
En étant appelée par un numéro et en portant un uniforme de prison tout sale, j’ai compris soudain tout ce que je peux faire pour quelqu’un d’autre simplement en l’appelant par son nom et en lui offrant un peu de réconfort.
Lorsque Jean croupissait en prison, on lui a dit que Jésus faisait des miracles (Lc 7.22). À travers mon témoignage, j’ai pu partager la compassion et l’amour de Dieu avec une personne qui avait oublié qu’elle était, elle aussi, aimée. Un miracle a commencé dans cette cellule sans fenêtre.
À l’aube d’une nouvelle année, maintenant que je peux de nouveau tenir ma Bible dans mes mains, je suis plus déterminée que jamais à graver dans mon cœur ces précieux versets qui m’ont donné de la force et m’ont aussi permis de partager l’espoir avec une autre personne en difficulté.